Monet, par Nicolas Grimaldi


          « N'est-il pas en effet remarquable qu'ayant inventé de représenter la lumière comme une matière pulvérulente et les choses comme des grumeaux de lumière, comme une agglutination de particules colorées, à partir de 1875 Monet ne peigne plus que des paysages, à la limite tremblante des éléments qui s'y partagent : l'air, la terre et l'eau ? Où rien n'est uni, où rien n'est immobile, où le monde écume de lumière et où la lumière s'effiloche en embruns colorés, n'est-ce pas là qu'il reconnaît ses motifs favoris, que restituent sa charpie de pigments, ses touches en virgules, ses tons rompus, ses menus empâtements ? A Vetheuil, à Londres, à Venise, n'est-ce pas partout le même paysage qu'il recherche et qu'il peint ? Et face à l'océan, disant que « c'est un Monet », n'avouait-il pas avoir trouvé à Belle-Isle ce qu'il cherchait partout dans la nature : le double de son style ?»
Nicolas Grimaldi, L'Art ou la feinte passion



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